Why so serious ?

H.Quinzel & The Joker

◊ ◊ ◊

Depuis quelques temps, les choses avaient vraiment changer pour moi et j'en connaissais la raison : Batman ...

Pas le chevalier noir que tout le monde connait, non, une autre version, il était plus méchant, plus agressif, spécialement avec moi. J'avais refusé de lui donner le dossier du Joker parce que, avouons le, je ressentais un petit quelque chose pour le prince du crime, sans que je ne sache trop pourquoi, mais depuis mon premier entretient avec lui, c'était comme s'il avait semé les graines du questionnement dans mon cerveau. J'avais pensé à lui jour et nuit, j'y pensais encore d'ailleurs, mais un peu moins qu'avant.

Un peu moins depuis que le faux Batman m'avait violée dans mon appartement, cela avait été bestial, violent, sale. J'avais mis longtemps à m'en remettre, mais ce qui était le pire n'était pas les séquelles physiques, mais bien mentale.
Certes, être perturbée après un viol était normal, mais pas de cette manière la, dans aucun bouquin de psycho que j'avais étudié, il n'était fait mention de ...

D'un rire ...

J'avais eu un fou rire, alors même qu'il me battait, qu'il m'humiliait, qu'il me déchirait, je souffrais, je pleurais ... Mais je riais ...

Et le pire c'était après, même en voyant l'état pitoyable dans lequel il m'avait laissé, j'avais réalisé que je riais toujours, quelque chose en moi n'allait plus bien et cela m'avait changée.
Moi, la petite psy qui n'avait jamais eu confiance en elle, je m'habillais plus sexy, je me maquillais, je m'étais acheté des bijoux, le genre de coquetteries que je ne me serai pas permise à l'époque parce que je me disais qu'une fille au visage aussi banal n'avait aucun intérêt à se faire jolie ...

Avais-je plus confiance en moi ? La vérité était différente, non, je le sentais, comme un patient atteint d'un cancer et qui connait déjà le diagnostique avant même de passer l'IRM. Je n'étais plus toute seule dans cette tète, une petite voix poussait et s'exprimait. Tout ce que je pensais, elle en pensait le contraire et je devais l'admettre ...

J'avais peur ...

D'autant plus aujourd'hui : nouvel entretient avec l'homme à cause de qui tout avait démarré, même s'il l'ignorait et n'avait rien fait pour cela ...
Le Joker ...
Le clown, prince du crime, l'homme que, pour une raison ou une autre j'avais aimé, j'en étais tombée amoureuse. Pourquoi ? Je l'ignorais, mais j'allais bientôt savoir si c'était du passé.

Je poussais la porte de la salle, vérifiant que William attendait bien sur le pas de la porte et m'engouffrais dans ce qui ressemblait à une partie d'escape game malsaine "posez les bonnes questions et sortez avant de retomber amoureuse, ne passez pas par la case appart, ne vous faites violer par Batman et tacher de conserver votre psyché intacte ..."

— Bonsoir Monsieur Joker, comment allez vous ? Cela fait une éternité que nous ne nous sommes vus ...

Je tirais la chaise et me posais face à lui, rien à faire : il m'impressionnait toujours autant ...

"T'es pas sortie du sable Harleen !" Dit la petite voix dans ma tète ...

(c) oxymort

Why so serious ?

The Joker & H.Quinzel

◊ ◊ ◊

Les allers et venus entre la ville et l’asile c’était devenu presque courant, presque monotone. Non en fait ça m’ennuyait un peu. Je voulais dire, c’était un cercle vicieux :  batounet faisait sa grosse voix en mode « Je suis batman » ou« c’est fini joker », moi j’éclatais de rire et je me laissais entraîner après deux ou trois avoines dans la tronche dans le panier à salade avec un joli gilet aux manches trop longues, et j’avais droit à Arkham, quelques séances de psy, et ensuite je m’échappais, je tentais de ravager Gotham, batboulet faisait sa grosse voix, avoines, panier à salade, gilet, psy, évasion, etc.
Du coup je prenais les choses autrement.
Maintenant, Arkham, l’asile, c’était un peu comme se faire une cure de détox. On y allait quelques jours, généralement pour dix ou quinze jours, juste histoire de se reposer et on pensait un peu à ce qu’on ferait de drôle une fois ressorti en s’échappant.
Il ne manquait que le bain de boue pour se relaxer.

Ou plutôt si je l’avais, et elle entrait dans la pièce. J’étais assis, sur une chaise en métal fixée au sol, les mains liées devant moi par des menottes accrochées à la table.
La camisole c’était plus confortable. Et plus chaud aussi.

— Oh bonjour Harleen !

Quoi ? Vous vouliez du docteur Quinzel ? Ben voyons. Voilà, mon bain de boue. Le docteur Harleen Quinzel, doctor-ès psychologie, grande psychiatre, et bien plus aimable que ce vieux grincheux de Strange. Au fond, c’était amusant. Avec elle ça se passait comme dans du beurre. Et cette manière de sembler un peu gâteuse quand elle me regardait avec des yeux de merlan frit.
Je ne savais pas si je trouvais ça joli ou pénible.
Ou alors c’était les deux.
Ouais. Voilà. Les deux.

Grand sourire accroché à la gueule, comme toujours, je ricanais en la recevant.

— Alors, qu’avez-vous prévu aujourd’hui ? Le divan ? Les tâches ? Il faut que je vous raconte un truc sur batman, approchez !  Vous allez voir, c’est excitant.

Est-ce que je pensais attendre qu’elle approche son oreille de ma bouche pour que je gueule à plein poumons le mot « excitant » ? Ouep.
Ah ben pas de poison, pas de plan machiavélique, rien. On faisait avec les moyens du bord.
Mais bon, ce n’était pas la première fois que je la faisais. Donc elle devrait s’y attendre.

— Oui, je sais que ça fait longtemps, mais que voulez-vous, Batman vieillit ! Il faut le ménager le pauvre ! Si je ne lui avais pas fait comprendre que mon nouveau plan, c’était de la bombe pour qu’il prenne le temps de me ramener ici … les bonnes choses se perdent ma bonne dame ... Et votre analyse, ça avance ?

(c) oxymort

Why so serious ?

H.Quinzel & The Joker

◊ ◊ ◊

"Harleen" je n'avais rien de particulièrement enthousiasment à m'entendre siffler mon prénom, sauf de sa part pour une raison inconnue.
Je n'avais jamais trop aimé mon prénom, Harleen, couplé à mon nom de famille, cela donnait Quinzel, avec un peu d'imagination cela pouvait devenir "Harley Quinn" comme un arlequin. Assez drôle comme cela se mariait avec cette espèce de "gimmick" que le Joker utilisait. Pensait-il vraiment être un genre de clown ? Je l'ignorais. Il était mon patient le plus difficile à cerner, chaque fois qu'il m'évoquait quelque chose, je savais que cela pouvait autant être la vérité que des salades.
C'était pour cela que je savais que ressentir quelque chose pour cet homme était idiot, mais si on allait par la, alors ma relation particulière avec Batman était aussi un problème ...

Pas de "Docteur Quinzel" ? Pas de soucis pour moi. Je me contentais de sourire en déposant sur la table une pile de dossier sur le Joker, son historique était long comme trois de mes bras et j'avais déjà tout épluché, une partie ayant été volée par Batman le soir de notre rencontre. Joker n'ayant eu de cesse de gonfler sa biographie depuis notre dernière rencontre.

Je ne cédais pas à sa demande de m'approcher, d'abord parce que c'était la procédure, ensuite parce que je connaissais la blague.

— Vous me l'avez déjà faite Mr Joker, je ne tombe pas deux fois dans le panneau voyons ... Comment allez-vous depuis la dernière fois ?

Question inutile, soit il rebondirai dessus avec une blague, soit il mentirait en me racontant un truc rocambolesque. Les séances c'était un peu son terrain de jeu dans lequel la pauvre "Alice" Quinzel allait se perdre, un monde qui n'avait rien de véritablement merveilleux, mais qui m'emmenait à chaque fois à imaginer ce que cela pourrait être de guérir le Joker et de vivre une vie plus normale avec lui.
Etait-ce seulement possible ? La dernière fois il m'avait poussée à me poser pas mal de question sur la vision du bien et du mal, mais a aucun moment je n'avais eu le sentiment de guérir le Joker ...

Non ...

C'était plutôt comme si lui, m'emmenait sur son terrain, comme ci lui essayait de briser le miroir de la normalité, comme si ...

... Il essayait de me guérir ...

Avez vous déjà dansé avec le diable au clair de lune ? Moi oui ...

Je l'écoutais parler de son deuxième sujet préféré : Batman. L'occasion pour moi de divaguer un moment sur le Batman que je connaissais, celui qui me faisait du mal, me torturait et était lentement, mais surement, de briser mon âme en morceau. "Trouve un homme qui te fais rire" disais une vieille copine de fac, oui, il me faisait rire, mais pas de la manière qu'elle sous entendait, c'était mon esprit qui se brisait et s'enfonçait dans la folie qui me poussait à rire.
Puis mon esprit s'égarait, Batman me saisissait par la gorge, avec force, me parlant comme si je n'étais rien d'autre qu'un immondice et l'excitation montait, un fantasme de soumission, somme toute classique chez moi, mais l'apparition du Joker venu doucement me toucher avec sensualité me ...

"Hey Harleen !" Dit la voix dans ma tète "concentre toi, t'es au boulot la !"

— Dites-moi, pourquoi Batman est-il autant dans votre esprit ? On dirait ... Qu'il vous obsède ...

Comme le Joker m'obsédait moi ou comme ma version de Batman m'obsédait ... Le Joker l'avait-il déjà rencontré ? Affronté ? Après tout ce Batman la m'avait volé le dossier du Joker, il y avait forcément une raison.

— Avez-vous entendu parler d'un autre Batman ?

Je devais savoir, même si je m'écartais un chouia de la procédure : j'étais en train, indirectement de donner des informations à un criminel, mais la curiosité était forte.
Pourtant si ce Batman me tenait pas l'excitation, mon cœur, lui battait pour le Joker sans que je sache trop pourquoi, peut-être parce que, lui, avait besoin de moi, même s'il ne le réalisait pas.

"C'est ça Harleen ... Ou alors ... C'est toi ... Qui a besoin de lui ..."

(c) oxymort

Why so serious ?

The Joker & H.Quinzel

◊ ◊ ◊

Je fis la moue. Je l’avais déjà faite ? Oh allons. Elle se lassait si vite ?
Soyons clairs : une blague était toujours drôle la première fois, et c’était encore plus drôle après… enfin bref. Je regardais la psy s’installer un peu tranquillement, tout sourire, comme d’habitude. Elle avait apparemment amené mes papiers. Super, on allait partager le pire des enfers. L’enfer administratif….

— J’espère que c’est un résumé de mon CV ? Parce que sinon, c’est décevant et il va falloir que je me remettre au travail … ah là là, je vais devoir écourter mes vacances, semble-t-il ...

Sourire carnassier. À votre avis, combien d’hommes qui rient je devrais créer pour qu’elle ne puisse plus porter les dossier toute seule ? Combien de mômes j’allais devoir tabasser ? Combien de nénettes à lunette j’allais devoir empêcher de marcher ?
Elle ne me demanda pas quelque chose sur batman, je ne criais donc pas que c’était excitant. Plus encore, elle me demandait même comment j’allais. C’était elle le psy non ? Donc c’était à elle de me le dire.
Je m’étirais comme je le pouvais.

— Oh je ne sais pas … je me demande si … non vous ne comprendriez pas selon lui ...

Et je la laissais dans le flou complet pour attendre qu’elle me demande de lui expliquer. Alors je lui parlerai de la petite voix dans ma tête qui me disait que Charles, l’un des gardiens, était Batman. Complètement faux hein. Mais pourquoi ? Si elle me disait ça, cette voix, c’était peut être pour cacher l’idée que c’était elle, Batman.
Quant à sa question suivante. Bizarre, non ? Pourquoi Batman m’obsédait ?

— Parce que c’est Batman. Je suis l’ange de Gotham, il en est le démon. Il faut un équilibre… c’est important de fonctionner comme ça. Si Batman m’attrape pas, je tue plus de gens, et qui essayera de m’arrêter ? J’ai besoin de Batman parce qu’il est assez fort pour m’empêcher de faire du mal aux autres ...

Ou alors …

— Ou alors c’est juste que je trouve qu’il a une allure folle dans son petit moulé noir impression chauve-souris… ça vous excite pas, vous ?

Petit clin d’œil.
Air sérieux.

— La vérité, c’est qu’il m’obsède parce qu’il a besoin de moi, il faut que j’existe. Sinon, Batman n’aurait plus de raison d’être et la ville de Gotham péricliterait ...

Ou c’était, plus vrai que ce gros tas de mensonges, que tout partait d’une vérité : batman était comme moi. Un miroir. Quoique miroir enlaidissant.
Quant à sa question… elle me prit de cours mais j’éclatais d’un rire de hyène un certain temps avant de finalement lui lancer.

— Bien sur. Il n’existe pas qu’un seul Batman. J’en connais au moins trois. Peut être quatre … Et ...

Je regardais autour, l’air paranoïaque, avant de chuchoter.

— Ils se multiplient. C’est comme … comme … oh je sais ! C’est comme des mites… batman pond des œufs qui deviennent des robins qui deviennent des Batman. Ou alors ça donne des Batgirl qui deviennent des brout … Euh des Batwoman… c’est un mode de reproduction asexué … et mon travail, c’est d’écraser les larves quand je les vois. Hop ! Vous voulez m’aider ?

(c) oxymort

Why so serious ?

H.Quinzel & The Joker

◊ ◊ ◊

Comme toujours il était dans la provocation, c'était son grand truc. Comme s'il essayait de me faire sortir de mes gonds ou qu'il me disait subtilement qu'il me prenait pour une conne. C'était un peu ce qu'il avait fait avec mes prédécesseurs, leurs racontant histoire sur histoire ayant sans queue ni tète.
La provocation était un acte de défense assez commun chez les personnes qui fuyaient leurs responsabilités et si Joker trouvait que la pile était petite, moi je la trouvais impressionnante et ce, même s'il en manquait surement une partie : d'une part ce que l'on ignorait encore, d'autre part une partie des dossier que l'autre Batman avait volé, certains n'avaient probablement pas encore été encodés dans le système, tas de données importantes que nous ne retrouverions jamais ...

Par contre Ca c'était nouveau. Je cessai de danser sur ma petite planète dans ma tète pour essayer de comprendre "vous ne comprendriez pas selon lui" qui pouvait être ce "lui" ? Batman ? Une autre voix dans la tète du Joker ? Avait-il, lui aussi une petite voix dans la tète comme la mienne ?

— Qui est ce "lui" ?

Une interrogation à laquelle il faudrait une réponse. C'était peut-être la clef de sa guérison ...

La suite allait me fournir un petit début de piste : Selon Joker Batman était assez fort pour l'empêcher de faire du mal aux autres, mais en fait non, il trouvait sa tenue plutôt sexy et excitante.
Je ne dis point mot. Une part de moi avait presque envie de laisser sous entendre que j'aimais moi aussi ce qui ressemble à des tenues SM et même en dehors de la tenue, j'en aimais les pratiques. Le Joker m'attirait, je devais l'admettre, mais je me devais de rester professionnelle au possible, bien que l'idée de mêler un peu de domination à cette séance ne serait pas désagréable. Je me mis à imagine ce que cela donnerait, si c'était lui en blouse blanche et moi dans une tenue orange avec des sangles et des menottes pour m'empêcher de bouger et ...

"Putain, reprends toi Harleen, tu travaille bon sang !"

Ainsi le Joker se considérait-il comme la part d'ombre ou de lumière de Batman. J'ignorais s'il se considérait comme le gentil ou le méchant, peut-être n'y avait-il même pas de place pour ce genre de considérations dans sa tète. Pour lui Batman était son antagoniste et il était celui de Batman, comme Darth Vader et Luke, Bip-bip et le Coyotte, Cardi B et le bon gout en matière de musique ...
Cela faisait sens dans ma tète : si aux yeux de Joker le bien et le mal n'existait pas alors il était logique qu'il pense ainsi, il était la mangouste du serpent Batman juste parce qu'il en fallait une. Le jour n'existe pas sans la nuit, le bien n'existe pas sans le mal, Batman n'existe pas sans le Joker.

Et tout à cette réflexion j'en venais encore à me poser cette question : et si ?

Et si le Joker avait raison ?

Et si le bien n'était rien d'autre qu'une interprétation ? Après tout : sauver des enfants dans un immeuble en flamme ferait d'un pompier le héros du jour, mais si ces trois enfants deviennent des assassins psychopathes et violeurs alors le pompier n'est-il pas le véritable problème qui a engendré tout ça ?
Cela m'amenait à poser une question primordiale, peu importe s'il rebondissait dessus en en faisant encore une blague, je percevrais peut-être quelque chose dans sa réponse.

— Selon vous qu'est ce qui définit le bien et qu'est ce qui définit le mal ?

C'était une question importante, je saurai un peu mieux ce qu'il pense, si j'arrivais à déceler les nuances dans sa réponse.

Quant à son obsession pour Batman, ce devenait particulier, il évoquait des mites, une reproduction de masse. De base j'aurai du soupirer en me disant que je perdais mon temps, mais ce n'était pas n'importe quel patient : c'était le Joker. Je ne pu m'empêcher de pousser un petit rire cristallin.

— Je ne vous serai d'aucune utilisé voyons, je ne suis pas assez forte pour écraser Batman ou n'importe qui de son groupe, c'est plutôt lui qui me battrait ...

Et il l'avait déjà fait ...

(c) oxymort

Why so serious ?

The Joker & H.Quinzel

◊ ◊ ◊

— Comment ça qui est ce "lui" ? Il n’y a pas de lui ici ?

Quoi ? Vous vous attendiez à ce que ce lui est un nom ? Allons donc. S’il y avait un « lui » ce serait bien moins amusant. Je fis mine d’avoir une révélation :

— Aaaaah, vous voulez parler de lui ... Qui vous en parler ? C’est c’est Roger, je suis pas au courant. Si c’est Hank… bon, Hank est quelqu’un de bien, alors il se peut que je vous en parle une prochaine fois. ? Faut que je vois s’il est d’accord pour parler de vous. Et il a un sale caractère. Un caractère un peu trop violent et un peu trop lubrique… et vous êtes probablement trop habillée pour qu’il soit intéressé. Et s’il s’intéresse, il vous fera du mal, beaucoup, beaucoup de mal ... désolé de vous décevoir ...

Je lui fis un faux air contrit. Ça devrait sans doute la démotiver et en même temps lui offrir une petite dose d’envie. Envie de savoir, possiblement. Mais bon, c’était normal, non ? Je lui fis un sourire avant de finalement changer de sujet, parler de batman, ce qui nous amenait à quelque chose de pas complètement déconnant. Qu’est-ce que c’était que le bien et le mal. A mon avis, le monde se divisait en plusieurs types de personnes.
Il y avait ceux qui croyaient que le bien, et le mal étaient absolus. Comme des forces universelles qui devaient s’affronter perpétuellement. Certaines choses était fondamentalement bonnes, certaines choses étaient fondamentalement mauvaises.
Il y avait ceux qui voyaient le bien et le mal comme relatif, avec le principe de karma et compagnie.
Il y en avait d’autres qui pensaient que le bien était ce qui leur était positif et que le mal était ce qui leur était négatif. Une manière très égoïste de voir le monde.
Moi j’étais de la race des altruistes. En montrant au monde ce qu’était le mal absolu, chacun pouvait donc choisir entre les autres catégories. c’était essentiel, non ? Donc voilà. Après, quant à croire au bien et au mal….
Fumisterie de politicien...

— Hum… c’est philosophique, tout cela. Qu’est-ce qui définit le bien et qu’est-ce qui définit le mal… ça dépend… donnez moi des exemple et on va jouer à est-ce que c’est bien ou est-ce que c’est mal. Et on en tirera une définition du bien et du mal ensemble. Qu’en dites-vous ?

Et ce serait plus intéressant que de parler de Batman.
Non.
Rien n’était plus intéressant que Batman.

— Oh, vous ne devriez pas vous sous estimer. Je suis sur que vous pourriez lui faire beaucoup de mal, à l’un d’eux au moins. Regardez, j’ai bien déjà eu un tête à tête avec Robin… eh bien un tel moment, ça tabasse…. Je suis sur que vous êtes jalouse !

J’éclatais de rire en entendant à nouveau le bruit des chairs frappés, des eaux brisés, des gémissements et des cris de robin… ça m’aurait presque filé la gaule une tel souvenir.

A quel pied j’avais pris !
Un pied… de biche !
Hahahahahaha

— Vous savez, au fond, est-ce qu’on utilise pas le bien ou le mal pour se justifier ? C’est peut être ça le secret. Le bien et le mal ne sont que des bonnes excuses pour éviter d’assumer les conséquences … tenez, regardez, si je n’étais pas maléfique, vous perdriez votre travail ...

Je souris.

— Donc c’est bien que j’existe et que j’agisse comme je le fais. Parce que comme ça, je vous donne l’opportunité de faire le bien. Donc je ne suis pas maléfique mais bon par nature ! Bon pour vous. Bon pour Batman ...

(c) oxymort

Why so serious ?

H.Quinzel & The Joker

◊ ◊ ◊

Joker me parlait à sa manière, il évoquait des personnalités, Hank, Roger, la dernière fois c'était William, mais William était quelqu'un de concret, c'était le gardien de sécurité devant la porte.
Je ne pouvais ignorer la présence de ce Hank et de ce Roger dans les dires du Joker, même si, clairement, il était plus en train de se payer ma tète que d'évoquer des personnalités multiples possibles. Un autre psychiatre n'en n'aurait rien eu à faire, moi je voulais comprendre. Cela me donnait l'impression qu'il se moquait de moi.

Ou alors ...

Ou alors, le fait que ce Hank me préfère plus déshabillée ...

Non, reprends toi Harleen, tu ne va spas te mettre nue devant le Joker en camouflant tes envies personnelles derrière une intuition.
Je ne pu m'empêcher de lancer une ligne.

— Hank souhaite me voir plus déshabillée ? Ou vous ?

Après tout, rester entre quatre murs ne devait pas forcément permettre la copulation, même si je doutais fort d'intéresser le Joker, je doutais d'intéresser qui que ce soit d'ailleurs, même si j'avais eu quelques amants. De toute façon la discussion s'éloignait rapidement du territoire du sexe éventuel pour en revenir à un terrain plus thérapeutique pour mon soulagement ... Ou pas ...

— Et bien ... Tuer un enfant par exemple, qu'est ce que ça vous évoque ? Est-ce bien ou mal ? Et à l'inverse ... Disons ... Sauver un chaton d'un incendie, est-ce bien ou mal ?

Bien entendu c'était la des exemples simplistes, n'importe qui saurait quoi répondre. Je n'attendais pas de lui qu'il me réponde honnêtement, il allait surement utiliser cela pour faire une énième blague et j'espérais pouvoir un peu rentrer dans sa tète et en savoir plus sur le mal qui le ronge.

"Et après quoi Harl' ? Tu as l'intention de l'épouser et de faire des mioches ? Et tu leurs interdira les pistolets en plastique pour éviter que papa ne retombe dans ses travers ? C'te bonne blague, t'essaie juste de transformer un tigre en chaton domestique, mais c'est peut-être pour ça hein ? Tu as peut-être envie qu'il te traite comme Batman te traite ..."

Encore cette maudite petite voix dans ma tète. Ca n'était pas comme de la schizophrénie, plutôt comme une intuition, comme si mon cerveau tentait de me faire comprendre mon erreur.
Et comme tout le monde je rejetais la voix de la raison pour me plonger entièrement dans ma fascination du Joker. J'ignorais ce que je lui trouvais : il se moquait ouvertement de moi et semblait chercher à voir jusqu'ou il pourrait aller pour que je m'énerve ou que j'abandonne, mais une fois de temps en temps, il avait un mot, une réflexion qui me fit comprendre qu'il était loin d'être aussi cinglant qu'il le prétendait et qu'il cachait une certaine sensibilité et surtout un véritable sens de la psychologie.

Il m'envoutait et pas qu'un peu, je l'avais senti des notre première rencontre, mais je n'aurai jamais cru que cela irait si loin.
Loin au point qu'il évoquait un tabassage en règle avec Robin et que la seule chose à laquelle j'accordais de l'importance était la phrase "vous ne devriez pas vous sous estimer" réaction de midinette classique somme toute.

Mais ce fut ses dernières paroles qui me touchaient le plus, à nouveau ce questionnement sur le bien et le mal. Pas tout à fait la même réflexion, mais presque.
Etais-je en train de faire le bien ?

"Oh bouhouhou pauvre petite Harleen ... Tu croyais être l'héroïne de l'histoire ? Mais qui est le véritable héros hein ? Pour qui tu te prends avec ta blouse blanche à faire la morale à un type qui a vécu bien plus que tu ne vivras jamais ? Se faire violer par Batman ne fait pas de toi une héroïne pauvre quiche !"

— Donc, si je comprends bien ...

Clairement, cette dernière tirade m'avait perturbée et la petite voix au fond de ma tète de plus en plus assourdissante. Je me massais le front comme pour faire partir une migraine atroce.

— Vous ... Vous pensez que ... Sans le mal il n'y a pas de bien et inversément.k

Je perdais le contrôle et pas de la bonne façon. Je perdais le contrôle comme quand Batman me montrait qui était le patron. Des flashbacks de nos deux rencontres me revinrent. J'étais mal à l'aise, mais en même temps un peu excitée et comme si mon esprit ne savait pas associer les deux, une fine nausée commençait à monter en moi. Ca allait sortir, ça sort ...

— Ah ah ...

Un petit rire, incontrôlable, tellement incontrôlable que je plaquais ma main sur ma bouche affichant une mine horrifiée en regardant le Joker Qu'avais-je fais et surtout pourquoi ? Rien ne justifiait de rire en cet instant et pourtant ...

Pourtant, j'avais envie de rire à gorge déployée ...

(c) oxymort

Why so serious ?

The Joker & H.Quinzel

◊ ◊ ◊

— Pourquoi voudrai-je vous voir plus déshabillée ? Vous avez envie que j’en aie envie ?

Rien n’était simple… et sinon... eh bien si j’étais simple, je ne serai pas le joker, sans doute, n’est-ce pas ? Allons… je me contentais donc de lui retourner la question, non sans lâcher, mais sans la moindre once de volonté à voir cela se réaliser, davantage comme un défi qu’elle ne pouvait accepter et qu’elle n’accepterait pas. C’était aussi simple que ça.

— Le feriez-vous, Harleen ?

Mais ce n’était pas la vraie question, la vraie question, c’était plutôt.

— Que ne seriez-vous pas prête à faire pour savoir et comprendre, comment tourne ma caboche de clown ?

Et les voies de la discussion changeaient, pour repartir sur la morale, un sujet compliqué. Tuer un enfant, était-ce bien ou mal et sauver un chaton d’un incendie était-ce mal ou pas… voilà de bons exemple.

— Oh non, on ne tue pas les enfants voyons, c’est mal…. Enfin, c’est mal, mais si vous saviez qu’il deviendra un clown prince du crime, meurtrier, voleur, et ainsi de suite, le laisseriez-vous vivre ?

Moi oui, je n’aimais pas la concurrence, mais je reconnaissais que ça donnerait du piquant… avec un idéal de trois joker…. Il faudrait que je croise cette jokerette dont j’avais entendu parlé… j’étais sur qu’elle en serait sciée.
Il faudrait changer la lame, mais une chose était sure… elle serait sciée ! Elle adorerait à en perdre la tête.

— Mais pire… et si ce gamin devenait un batounet, ne devrait-il pas mourir pour notre bien à tous ? Quant aux chatons… c’est sans doute lui qui a mis le feu alors il ne mérite aucune indulgence.

Oui, enfin, ça, ça coulait de source, n’est-ce pas ?
Bref la morale, c’était de la merde sans valeur.

— Non. Pas du tout …

Et j’allais expliquer quand elle rit. Et parce qu’elle rit sous cape, presque, je riais avec elle avant de finalement frapper violemment sans prévenir mes poings sur la table.

— NON !

Ah non, non…. Je la menaçais d’un doigt pourtant j’avais toujours les mains attachées sur la table.

— Ne ... Faites plus ... Jamais ... Ça ...

Le ton était froid et mortel, l’expression avait changé en conséquence. Le visage d’un tueur, de quelqu’un qui tuerait sans hésiter.

— Soit vous riez vraiment, soit vous ne riez pas. C’était minable de faire entre les deux.

Oui, en effet, minable.

— Recommencez et riez vraiment cette fois… Allez ! Sinon, je vous ferai beaucoup, beaucoup de mal ...

Bon, pas ici, pas maintenant, mais un jour, sans que ça prévienne.

(c) oxymort

Why so serious ?

H.Quinzel & The Joker

◊ ◊ ◊

J'étais piquée au vif. Avais-je envie qu'il en ai envie ? Bien sur, j'avais mis des semaines avant de réaliser et d'accepter l'impensable : mon attirance pour le Joker. Avais-je envie de lui ? Oui, évidemment, on ne peut tomber amoureuse, sans être excitée par l'objet de nos convoitises.
J'étais dans une situation particulière entre deux hommes différents : d'un côté Batman me brutalisait, me martyrisait, il ne m'avait pas laissé le choix et cela titillait mon fantasme de soumission en remarquant que j'étais peut-être plus extrême que je ne l'aurai cru. De l'autre, sans aller jusqu'à dire que le Joker était plus gentil, il était, en tout cas, plus réfléchi, moins rentre dedans.
Aucun des deux ne s'intéressait à moi pour ce que j'étais, le premier voulait juste me baiser en satisfaisant ses envies sadique, l'autre ... Je ne crois pas avoir un quelconque intérêt à ces yeux, mais c'était avec lui que tout avait commencé.

"Le feriez-vous Harleen ?" Une simple question, mais, d'instinct, j'avais porté la main à ma blouse comme pour m'en débarrasser. Je masquais ce petit geste incontrôlé en lissant le col de la dite blouse et en faisant semblant de rien.

— J'essaie juste de vous comprendre Mr Joker ...

Je me félicitais intérieurement d'avoir réussi à ramener la conversation de manière plus soft, du moins le pensais-je et ce, même si la petite voix en moi me murmurait que je n'avais envie que d'une chose c'était que le Joker soit détaché et que j'ai moins de vêtements et si en plus, je pouvais être attachée à la table moi-même, je n'aurai pas dis non ...
Foutus fantasmes BDSM ...

Devais-je sauver un enfant s'il deviendrait clown prince du crime ? Je savais que l'exemple était choisi dans le but de me faire réfléchir, si je voulais répondre correctement j'aurai du penser : devais-je sauver un bébé s'il risquait de devenir le Pingouin ? Ou Double Face ? Voir Killer Croc ?
Mais comme toujours, si cela concernait le Joker, je n'étais pas objective.

— Plutôt deux fois qu'une ! Répondais-je sans aucune hésitation, laissant éclater la femme amoureuse défendant l'homme qu'elle aime, mais je me rendais vite compte qu'il me fallait calmer le jeu avant qu'il ne se pose des questions. Que ferait le Joker s'il apprenait mes sentiments pour lui ? Il fallait rester prudente.

— Je veux dire ... Malgré vos crimes, vous avez pleins de qualités et je suis sur que vous êtes un homme bon, vous avez juste besoin de quelqu'un pour le réaliser et après qui sait ? Peut-être vous pourriez vous trouver ... Une femme par exemple ...

Bien entendu je savais que c'était un amour impossible, mais indirectement j'espérais une jolie réaction. Hélas, peu de chance, j'allais surement me manger une moquerie comme d'habitude.

Le rire eut un étrange effet sur le Joker. Ma mine horrifié avait déclenché quelque chose chez lui, quelque chose de si violent que ses poings frappèrent la table m'arrachant un petit hoquètement de surprise. Je l'avais mis en colère et curieusement, malgré les chaines qui le retenaient et le fait que le garde attendait derrière la porte, j'avais peur. Peur de cet homme.

Et cette peur se mêlait à une étrange excitation, le même genre que je ressentais en présence de Batman ...

Il fallait que je parte d'ici au plus vite, hélas, ce fut une toute autre réaction qui s'en suivi. Le Joker refusait que je ris à moitié, c'était ça le problème, j'avais désacralisé son fameux plaisir du rire et il n'avait pas apprécié. J'aurai du marrêter la, j'aurai du calmer la séance, mais je ne pouvais pas.

Je riais ...

Comme à son conseil, un véritable rire incontrôlable et le pire c'est que je ne reconnaissais pas ma manière de rire, c'était une autre manière, une autre moi en train de se bidonner sur le bureau. Je riais et tentais de m'empêcher de rire en même temps, je riais tant et tentait tant de m'en empêcher que j'en avais des larmes qui coulaient, le tout en regardant le Joker d'un air suppliant comme s'il pouvait m'aider.

Et comme si une autre Harleen avait définitivement prit le contrôle j'entendais ma voix comme venant d'ailleurs.

— Vous voyez ? Je ris ... Vous n'allez pas me faire de mal n'est-ce pas ?

C'était bien ma voix, c'était bien ce que j'aurai dis pour camoufler un tel sourire, mais c'était comme si je n'avais pas prononcé ces mots ...

(c) oxymort

Why so serious ?

The Joker & H.Quinzel

◊ ◊ ◊

— Vraiment ? Vous essayez de me comprendre ? C’est tout ? Pas de volonté de guérison, ou autre , Me comprendre vous suffit ? Voilà un bien grand manque d’ambition… c’est un but bien maigre... peut-être y arriverez-vous, si vous en payez le prix, si vous poussez assez loin, si vous payez assez cher ...

j’étais facile à décrypter pourtant, non ? Je voulais dire, je n’avais pas de quoi fasciner davantage que cela. Mais selon les psy, si, j’étais un cas intéressant ; ils ne savaient jamais détailler pourquoi, ceci dit.
J’avais vu son geste, son hésitation sa dissimulation. Et je gardais bien cela au chaud pour plus tard.

— Je vais vous apprendre quelque chose : la morale est une chose fragile, et au fond, elle lutte contre ceux qui ont les moyens de leurs ambitions. Si je veux quelque chose, je le prends, tout simplement ; et si vous voulez quelque chose, vous vérifiez si vous pouvez le prendre. Résultat vous êtes frustrée et moi je suis heureux… alors dites-moi, pourquoi feriez vous ce que la morale conseille ? Oh, et petite question subsidiaire…  à partir de quand une vie vaut plus qu’une autre. Et faisons même une échelle d’équivalence… est-ce qu’un bambin de deux ans vaut plus cher qu’un nouveau né ?

Excellente question.
Quant à me trouver une femme …

— Oh, Harlenn, ta proposition me touche, mais je ne te connais pas assez pour ça, et je ne te connais pas assez, ce ne serait pas raisonnable … non, il n’y a pas d’avenir entre nous. Et puis …

Je faisais mine d’hésiter. Changeant de sujet pour cette histoire de rire, et elle lâcha la bride au rire, riant à se tordre par terre et je riais avec elle, je riais dans une sorte de ricanement qui n’était pas sans rappeler une hyène. Mais je riais avec elle jusqu’à ce qu’elle se stoppe et qu’elle lance, d’une voix un peu ailleurs. Voulait-elle être rassurée ?

— Allons.. pourquoi te ferai-je du mal, Harleen… et puis je suis attaché, donc ce sera difficile… tu ne le sauras pas si tu ne me détache pas les mains… de toute façon, je suis enfermé, qu’est-ce que tu risques, Harleen rieuse ?

Le tutoiement. Une chose simple mais qui forçait un peu la proximité… allait-elle me laisser faire ? Rien que cela, un tutoiement à senss unique, formait déjà une petite emprise
Nouveau rictus souriant et je rajoutais, comme pour enfoncer le clou.

— Belle et douce Harleen, aucune relation ne peut s’établir sans confiance ...

Et j’attendais, notez que si elle me libérais, je lui attraperai le poignet et ne le lâcherai pas. Oh, je ne comptais pas laisser une marque, bien sur, mais d’un autre côté,, quoi de plus normal ?
Bon, ça n’empêcherait pas une taloche de partir i l’envie m’en prenait. Ou de la mordre. Ah tiens oui, la mordre au sang, juste pour voir comment elle réagirait. Au bras, pour voir si elle allait s’en plaindre, me faire isoler, ou si elle laisserait, prenant ça comme juste un petit dérapage. Oui, voilà, si elle cessait de se débattre pour dégager son poignet, je lui mordrai l’avant bras.
Ça serait marrant !

(c) oxymort

Why so serious ?

H.Quinzel & The Joker

◊ ◊ ◊

— Avant toute guérison, il faut comprendre de quoi souffre une personne. Si nous ne comprenons pas comment ... Un moteur par exemple, est tombé en panne, on ne peut pas le relancer. Bien sur que je veux vous guérir Monsieur Joker, mais pour cela j'ai besoin de comprendre votre vision des choses.

Ce n'était pas faux et j'espérais ne pas l'avoir brusqué avec ces mots, mais c'était un fait. Si je voulais qu'il réalise que j'étais la pour l'aider, il fallait déjà lui faire reconnaître ma méthode et comment elle fonctionne.

La question sur la morale revenait sur un point intéressant, autant pour la psy en moi que pour l'être humain. Le Joker avait-il raison ? Valait-il mieux vérifier que l'on peut prendre quelque chose que l'on désire ou le prendre de force ? Une question à laquelle ce n'était pas réellement à moi de trancher. Il était temps de répondre à cette conversation et prouver que mes diplômes n'étaient pas la pour faire joli.

— Peut-être avez-vous raison ... Mais si je veux quelque chose et que je le prends de force ... Aurez vous le même avis si ce quelque chose vous appartient ?

Bonne question, il me semble. La raison pour laquelle l'on ne prend pas ce qui ne nous appartient pas est très simple : cela fait du tort au propriétaire de la chose. Le Joker ne voyait pas la différence, mais en lui expliquant sous ce point de vue peut-être le comprendrait-il ? C'était certes un peu infantilisant, mais c'était le seul moyen à mes yeux pour qu'il le réalise, en tout cas, je pouvais toujours essayer.
J'avais du mal avec la marche à suivre, le Joker était un cas très particulier et pas seulement parce que je le désirais.

"Pas d'avenir entre nous" je savais qu'il plaisantait et me mettait en boite, mais mon cœur saignait à cette évocation. Etais-je vraiment amoureuse du Joker ? Jusqu'ici je n'avais surtout ressenti que du désir pour lui, mais malgré toute sa folie, il y avait un côté intéressant derrière le "masque"

— Oh, mais je ne parlais pas de moi Monsieur Joker, n'y a t'il jamais eu de "Miss" Joker ?

Après tout la question était légitime, personne ne l'avait jamais vu avec qui que ce soit, une petite demoiselle dans une tenue d'arlequin par exemple, un genre de tenue mi rouge mi noire avec des symboles de cartes à jouer ...
Et pourquoi cette tenue ressemblait beaucoup à mes dernières lubies vestimentaires.
Ca et mes t-shirt à l'effigie de Batman, j'allais devenir folle à jongler entre deux hommes, même si apparemment, pour l'un d'entre eux aucun avenir n'était possible, pas plus pour l'autre d'ailleurs, Batman ne désirait pas que je sois sa femme, il voulait que je sois sa pute et c'était plus ou moins ce que j'avais accepté d'être.

Le rire avait été une sorte de libération. Personne n'avait pu nous entendre, mais le garde de sécurité pouvait le voir sur sa caméra de surveillance. Cependant, il ne devait pas connaître la psychologie, il avait du trouver cela bizarre, mais se dire que c'était juste la thérapie.

— Vous faire confiance hein ?

La dernière fois le Joker avait retiré lui même ses menottes obligeant William a venir les lui remettre plus serrées, peut-être était-il attaché d'une autre manière ? Ou peut-être voulait-il voir si je lui faisait vraiment confiance.
Alors je pris mon bloc note et inscrivait quelque chose dessus avant de le lui montrer "Faites-moi confiance" avais-je écris avant de me lever et de me diriger vers la caméra de surveillance, pointant le papier devant l'objectif telle une présentatrice de match de MMA, avant de couper la caméra.
J'approchais alors de la table du côté du Joker et m'emparais des menottes. Mon cœur battait à tout rompre alors que je sortais la clef de ma poche. Il y a deux mois, je m'étais dis que ce serait une bonne idée d'en subtiliser un jeu pour la faire refaire.
Je la montrais triomphalement au clown en souriant avant de la glisser dans la fente.

— Je vous fais confiance Monsieur Joker, j'aimerais que vous soyez innocent comme un poussin et doux comme du pudding, vous pouvez faire ça pour moi ?

"Monsieur Joker" "Poussin" "Pudding" si j'avais su à l'époque que ces mots deviendraient si importants ... Dans un dernier souffle, me demandant si je n'étais pas moi-même devenue folle, je tournais la clef et libérait les mains du criminel.

Bizarrement j'avais une curieuse envie de rire à gorge déployée ...

(c) oxymort

Why so serious ?

The Joker & H.Quinzel

◊ ◊ ◊

— Tu es trop mignonne Harleen…. Vouloir me guérir…. C’est touchant et agréable de ta part, d’autant que je sais que c’est uniquement altruiste venant de toi ?

Altruiste ou pas, peu importait, mais quelque chose me disait qu’elle apprécierait que je valorise son geste. Mais ce n’était pas moi qui avais besoin d’être guérie. C’était elle, et tous les autres. Guéris de ce qui les entourait. Moi je voyais le monde tel qu’il était. Et j’assumais cette vision véritable. Que croyait-elle ? que c’était moi le mal de dans l’histoire ? Citez-moi une seule chose que j’avais faite et qui pouvait être qualifiée d’acte maladif !
Voilà, il n’y avait rien à dire… pas d’acte maladif donc je n’étais pas malade.

Nous en revenions toujours à la morale.

— Si tu réussis, alors c’est que je ne le voulais pas assez pour le garder. Ou alors il me suffira de te tuer pour le récupérer.

Ce n’était ni triste, ni joyeux, juste un fait. Si je la tuais, je pouvais récupérer ce qu’elle pensait vouloir plus que moi. Au fond, tout passait par ça : faire ce qu’il fallait pour ce que l’on volait, tout simplement.
Donc si j’étais vraiment malade, elle ne se donnait pas beaucoup de mal pour me guérir ; elle le disait plus ou moins tacitement, non ? Enfin, c’était ainsi que je comprenais ses pépiements sur le sujet.

— Une miss Joker ? Hum… bonne question … il y a déjà eu une quinte flush, il y a eu une joker, si j’en crois les infos, et pour le reste je ne sais pas … hum… non, la place et vacante pour le moment, je crois … ; et puis … je dois reconnaitre que Scaramouche mérite un bon Arlequin … ou une bonne Arlequine …

C’était pensif. Je n’y avais pas trop réfléchi.

— Tiens d’ailleurs ton nom m’y fait penser. Arlequine, Harleen Quinzel… ça ressemble, tu ne trouves pas ?

Oui, c’était surprenant.

— Harley Quinn ça sonne bien …

Mais c’était le reste qui n’allait pas. Une arlequine devait être plus criarde dans l’apparence et moins… j’allais dire bibliothécaire coincée, mais c’aurait été méchant.

— Dommage, ça ne va pas bien avec ça …

Et par "ça" je voulais dire "elle" comme elle était maintenant.

— Arlequine devrait être joyeuse, bonne vivante, avide de chair et de rire … donc à part la ressemblance de nom, il n’y avait rien, pas une once de folie, de différence, de changement, de … d’audace ? Oui, d’audace … ça manque !

Ce n’était même pas un reproche, non, rien, quoique niveau audace, quand elle me regarda et sembla réfléchir à l’idée de confiance. Envisageait-elle vraiment de … de me libérer de mes entraves …
Elle semblait y penser. Vraiment … oh, je ne m’y attendais pas complètement. Elle allait renoncer. C’aurait été exagéré… je la regardais faire son manège et sortir la clef de sa poche. Elle avait un double dans la poche ? Oh comme ça allait être amusant … je lui souris et je riais quand elle inséra la clef dans la serrure et déverrouiller. Je ne déplaçais pas mes poignets, reposant toujours dans les menottes.

— Tu sais, une personne qui n’a confiance en personne est stupide.

Désormais libre, je me levais doucement, m’approchais d’elle, sans violence, sans aucun geste menaçant, juste un grand sourire et les yeux qui pétillaient de malice. Puis, au lieu de mordre comme l’idée m’était venue, j’avais une bien meilleure idée. Je m’approchais d’elle et doucement, je venais prendre sa main dans la mienne et, doucement, je caressais le dos de sa paume du pouce.

— Merci Harleen, ta confiance m’honore …

Je lui souris et doucement, je me penchais vers elle, approchant mes lèvres d’elle pour venir lui chuchoter à l’oreille.

— Mais une personne qui fait confiance aux autres est toute aussi stupide ...

Et la première menotte se referma sur son poignet, suivie de près par l’autre, et j’en profitais pour lui prendre la clef et jouer à la lancer et la rattraper.

— Tu me fais confiance donc ça ne devrait pas vous inquiéter, n’est-ce pas ?

Je lui souris et je m’asseyais sur la table.

— Alors, Harleen, et si le docteur Joker essayait de te guérir, de comprendre ta folie, cette normalité que tu sembles éprouver ? C’est une mauvaise chose, tu sais ...

Je souris, lui caressais la joue en disant cela et j’attirais son visage contre mon torse.

— Parce que je le sens, tu souffres tellement … il faut que je t’aide, que je te soigne ...

Ma main redescendit, vint saisir sa gorge, sans serrer, pour relâcher presque aussitôt.

— Te guérir de la vie serait facile… mais ce n’est pas le but de notre thérapie aujourd’hui. Alors, parlons un peu comme un vrai psy ! Alors, parles-moi Harleen. Préfères-tu raconter tes rêves ? Tes fantasmes ? Tes angoisses ? Tes frustrations ? Tu veux peut-être me raconter comment tu aurais voulu qu’on s’occupe de toi ? Comment on te considère ?

Je descendais de ma place pour lui susurrer.

— Raconte-moi ce que tu n’aurais jamais dit à personne … et je te raconterai le secret de ma folie… plus nous plongerons dans la tienne, plus tu en sauras sur la mienne ...

(c) oxymort

Why so serious ?

H.Quinzel & The Joker

◊ ◊ ◊

"Mignonne" il se jouait peut-être de moi, mais ce compliment m'allait droit au cœur venant de lui. Il valorisait mon combat, mais je savais qu'il n'en pensait pas mot. Sa vision était simple à comprendre : la morale n'avait aucun intérêt et si l'on oubliait la morale alors faire péter des lieux public et tuer des gens n'avait rien de répréhensible. Il se basait sur le principe que la société avait décidé de ce qui était juste ou pas et partant de la qu'il avait le droit d'avoir sa propre vision. Avis absurde bien sur ...

Et pourtant ...

Pourtant, je buvais ses paroles depuis tout à l'heure, ce qu'il disait était sincère et, indirectement faisait écho à ma propre expérience. J'avais toujours vécu dans un monde injuste. Le prof avec qui j'avais eu une liaison, je savais très bien qui avait fait courir cette rumeur, rumeur réaliste, certes, mais qui avait poussé tous les autres étudiants à me montrer du doigt. Si j'avais été le Joker je me serai vengée, au lieu de cela, la tension et la frustration me frappaient chaque fois que je voyais cette garce.

— Peut-être ...

C'était à moi de le guérir et pourtant je le comprenais. Pourrais-je aller jusqu'à tuer ? Probablement pas, mais je comprenais ce besoin de prendre ce qui appartenait aux autres et que la vie n'avait pas eu la bienséance de nous accorder. Si j'avais eu une vie plus heureuse, peut-être serais-je épanouie ? Peut-être arriverais-je à croire les compliments des hommes et arriverais-je à croire que ces hommes me complimentent parce qu'ils le pensent et pas juste pour se vider les bourses.

Joker ne semblait pas fermé à la possibilité d'une "Miss Joker" pendant tout un temps j'avais la sensation qu'il y en avait une, mais non, la place était libre et curieusement mon cœur battait plus fort et encore plus lorsqu'il évoquait le besoin d'une arlequine, comparant le nom Harleen Quinzel à "arlequin" citant le nom de "Harley Quinn"

— C'est drôle que vous disiez ça, j'ai déjà eu droit à ce surnom quand j'étais étudiante. Je me d"éguisant en arlequine aux soirées costumées.

Je devais surement encore avoir ce costume quelque part : une tenue noire et rouge avec un chapeau à clochettes qui ne tintaient pas. Il y avait un petit masque pour les yeux, du noir à lèvres et du maquillage blanc pour le visage, un vieux délire d'ado avant que je ne réalise que tous mes amis m'avaient tourné le dos, aller en soirée costumée seule n'avait rien de drôle.

Ce qui n'était plus drôle c'était ma vie et elle n'avait commencé à prendre de piquant que lorsque le Joker et moi nous étions retrouvé dans la même pièce. S'il trouvait que je manquais d'audace, je voulais lui prouver le contraire, le libérant de ses entraves.
Il se levait et s'approchait, j'avais le cœur qui battait. Le Joker pourrait faire n'importe quoi, me tuer ? Me violer ? Mais non, il s'approchait doucement, caressant le dos de ma main. Sa main était chaude, j'étais subjuguée, sous son charme. Il continuait de m'appeler "Harleen"

— Vous pouvez m'appeler Harley si vous le souhaitez ...

Harley, pourquoi pas ? Ce serait notre petit secret. Quelque chose était en train de se passer.
Je poussais un petit cri de surprise en voyant les anneaux de métal se refermer sur mes poignets. S'était-il joué de moi ? Etais-je aussi stupide ?
Mais non, il jouait, juste pour rire, sans quoi il m'aurait déjà assassinée.

Il bondit comme un diable hors de sa boite pour se poser sur la table face à moi. Je me forçais à avoir confiance, curieusement j'étais stressée, mais pas inquiète qu'il me tue, comme si je savais qu'il ne le ferait pas. Gentiment il parlait de me soigner de ma normalité et s'il avait raison ? Ma normalité ne m'avait apporté que des ennuis : une aventure avec un de mes patients sans jamais avoir de ses nouvelles, le viol effectué par Batman et le fait qu'il me laisse tomber alors même que je me donnais à lui.

— Je ... Soignez moi Monsieur Joker ...

C'était presque une supplique soufflée entre mes lèvres alors même qu'il me tenait contre sa poitrine. Je voulais être guérie, je voulais changer, me sentant comme si j'avais enfin trouver la clef qui pourrait me faire avancer.

Le Joker décidait donc d'en savoir plus sur moi, plus comme un clown ou un pitre qui se moque de moi, mais comme presque comme un véritable médecin. Nous ignorions la véritable identité du Joker, peut-être avait-il un passé de psychiatre ? Nous avions déjà soupçonné un passé dans l'armée ou dans les forces spéciales, mais ce genre de supputation nous venait systématiquement quand un individu hors la loi avait tendance à utiliser armes à feu ou explosifs.

Alors je fis ce que je n'aurai jamais du faire : dans un premier temps les larmes coulèrent et les sanglots suivirent, alors que j'ouvrais les vannes de mes véritables secrets.
Je lui évoquait le tout : mon manque de confiance, mon choix de carrière dicté par mes amis, ma solitude, l'absence de mon seul amant que je croyais être mon amoureux. Le viol de Batman et ma drôle d'impression d'avoir aimé cela malgré l'état dans lequel il m'avait laissée, le fait qu'il avait fini par se lasser ou faire une prise de conscience et me larguer et je finissais avec le plus important :

— ... Et depuis quelques temps je me mets à rire toute seule, sans raison ... Je crois que je deviens folle ...

Mes mains se crispèrent sur la tenue de bagnard de mon interlocuteur. Je reculais la tète pour le regarder droit dans les yeux. J'allais faire la confession la plus difficile de mon existence.

— Tout ça c'est à cause de vous ... Depuis notre rencontre. Je fais des rêves bizarres. Je pense à vous systématiquement, quoi qu'il arrive. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi. Je n'aurai détacher personne d'autre, mais vous ... Vous je veux vous faire confiance ... J'ignore si c'est de l'amour ou de la stupidité, mais la seule chose que j'ai en tète maintenant c'est de me frapper le crane contre cette table après vous avoir donné le code pour sortir d'ici et la seule chose que j'aurai à y gagner, c'est de vous savoir libre, vous comprenez ce que je veux dire ?

Je n'attendais pas sa réponse, je haussais les épaules comme si c'était une évidence.

— Je suis juste ... Tombée amoureuse ... De vous ...

L'amour, la seule donnée de l'équation contre laquelle on ne peut absolument rien. J'étais dingue du Joker et j'étais prête à faire n'importe quoi pour lui.
Qu'est ce qui n'allait pas chez moi ?

(c) oxymort