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T.Walkins & R.Rockwell

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Elle saigne ! Putain elle saigne ! Non seulement son bas est détruit, mais elle va se choper une infection bactérienne multi-résistante et mourir de gangrène ou finir unijambiste ! Et elle ne parle même pas de l’état du reste de ses vêtements ou de son corps. Avant de remonter dans l’immeuble, elle a retiré de ses cheveux bruns de longs filaments poisseux dont elle ne veut pas connaître l’origine.

Mais que s’est-il donc passé ? Elle avait été d’une humeur plutôt bonne, ce matin-là, encore bercée de la victoire remportée sur sa drôlesse de voisine, lorsqu’elle s’était préparée à se rendre au boulot. Un brin de soleil levant semblait même d’humeur à poindre ses rayons, entre deux nuages. La journée aurait difficilement pu s’annoncer sous de meilleurs augures.

Et pourtant ...

Dire de Théa qu’elle est furieuse serait, en cet instant, un doux euphémisme. Usons donc de la litote. Elle n’est nullement euphorique. Nullement souriante, absolument point enjouée. Et décrivons-la. Ses yeux lancent des éclairs, ses lèvres sont retroussées sur ses babines de louve, une tension électrique tend toute sa carcasse. Et elle clopine, rageusement, comme un prédateur blessé, dans l’escalier, vers le pallier qu’elle occupe – partage – avec une nouvelle voisine.

Arrivée devant la porte de ladite emmerdeuse, elle s’y plante et commence à tambouriner, beuglant de toute la force de ses poumons :

— DEBOUT LA-DEDANS !

Il est exactement 8h13. Un peu plus de cinq heures se sont déroulées depuis la dernière fois où elle s’est retrouvée dans cette position. Et là où le matin – la veille ?- elle avait été en pyjamas, elle est à présent en tenue de ville. Talons discrets mais élégants, bas collants translucides, à présent ruinés, jupe de jean, pull et manteau. Son béret est tout de travers sur sa tignasse ébouriffée, son maquillage détruit. Le tout est constellé de taches et diverses souillures.

La responsable ? La malade mentale qui avait emménagé à côté, c’était certain ! Elle reconnaissait l’odeur de ses poubelles. Car oui, elle baignait dans une odeur de détritus difficilement soutenable. Elle en suffoquait presque, et n’avait qu’une hâte. Refaire la tête de la voisine, au carré, puis prendre une douche intégrale et jeter ses vêtements…

— J’AI DIT "DEBOUT" !

Mugit-elle, déchainée, devant la porte close.

(c) oxymort

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R.Rockwell & T.Walkins

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Okay, j'avais pas dormi de la nuit, la voisine m'avait pété les ovaires à trois heures du mat et j'avais passé la nuit à réfléchir.
Une grosse partie avait commencée par me dire que je cramerai bien son appart, mais je savais que je ne le ferai jamais, néanmoins la voir en larme devant ses petites possessions cramées avait un côté satisfaisant, puis mes pensées avaient dérivées sur mes années en prison : cinq ans, au départ, j'étais la petite nouvelle qui n'osait rien dire, sursautant à la moindre main au cul, j'avais beau être légèrement en surpoids à l'époque, mes cheveux roux et mon attitude un peu timide en excitait plus d'une.
J'ai vécu pas mal de moments durs, mais, si cela peut rassurer tout un chacun, je n'ai jamais été forcée à des relations entre femmes, ça je l'ai fait toute seule quand j'ai réalisé que cela risquait d'arriver et qu'il valait mieux que je m'y habitue, j'ai réalisé très vite que j'appréciais le contact féminin.

Pour autant la prison a eu ses mauvais côté, cette cicatrice dans mon dos, les bagarres dans les douches, au réfectoire dans la cour, etc ... La vie en prison était compliquée et dangereuse, c'était d'autant plus frustrant et injuste que j'étais innocente et j'avais bien l'intention de me venger de Juan.
La colère avait prit le dessus et le visage de cette insupportable voisine me revenait en tète, saloperie de casse-pied antipathique.
Oh, bien sûr, je savais que c'était de ma faute : quelle idée à la con de faire aller un film à trois heures du matin et j'aurais pu être plus diplomate, j'avais des remords, certes, mais je me refusais de le reconnaître, je devais me la jouer discrète dans cette piaule que m'avait trouvée la Red Queen et je m'étais déjà mis la voisine à dos.

Tout n'était pas à jeter chez elle : elle n'était pas laide et elle avait du courage, assez en tout cas pour tenir tète à quelqu'un qui faisait deux fois sa largeur d'épaule.
A côté de ça, tout m'inspirait la haine chez elle : sa manière pincée de me prendre de haut comme si elle valait mieux que moi. Sa façon de me voir à travers le prisme de ses préjugés à la con, son audace de venir m'apostropher chez moi, alors qu'elle aurait pu me demander gentiment de couper le son ou de le baisser, mais nan, il fallait que "Miss Parfaite" se la joue warrior sans même savoir qui se cachait derrière la porte et quand elle m'avait vue, elle avait sûrement compris que je pouvais la plier si l'envie me venait.

La rage me venait petit à petit en repensant à cette nuit, l'engueulade, les cris, la colère, son petit air supérieur. J'avais cédé parce que je voyais bien qu'au fond d'elle-même, elle crevait de trouille, des nenettes qui se la joue la première nuit en taule, j'en avais vu des dizaines, en général ça tenait pas long, au mieux elles avaient droit à un "redressement" dans les douches, au pire c'était les coups de brosse à dent.
Mon regard se posait sur les foutues poubelles que j'avais bazardées dans l'appart et la colère me reprenait, l'envie de les envoyer sur sa porte était tentante, mais cela ne ferait que remonter encore ses conneries, j'attrapais les deux sacs et les jetaient par la fenêtre, avant de filer à la douche.

Quelques instants plus tard, alors que l'eau bien chaude coulait sur mon visage et que je profitais de la détente du moment, la porte fit un bruit assourdissant, rapidement suivi de la voix insupportable de la voisine. Encore !? La elle abuse !

Je sortais de la douche, m'essuyant rapidement, je voulais m'habiller rapidement, mais elle tambourinait encore, visiblement furieuse, pas le temps de me fringuer, j'attrapais une grande serviette pour l'enrouler autour de ma nudité avant de me diriger partiellement séchée pour lui ouvrir la porte.

— Putain, tu veux quoi encore !? L'eau de la douche fait trop de bruit ?

Mon regard croisait rapidement le sien, comprenant très vite le scenario qui s'était déroulé : les poubelles lui avaient atterrit sur la gueule, elle savait que ça venait de moi, ou elle l'avait déduis parce que, pour elle, j'étais une grosse crado (et sur ce coup, ce n'était pas faux) encore une fois de ma faute, mais je ne m'écraserai pas, pas cette fois.
Autant se la jouer mauvaise foi.

— T'as l'air d'avoir passé une sacrée nuit, tu t'es enfin décidée à t'envoyer en l'air pour relâcher la pression ?

Un sourire moqueur apparaissait sur mon visage, je la regardais avec un air sincère qui puait le "foutage de gueule" quitte à ce que la bonne entente avec la voisine soit foutue, autant lui faire comprendre qui de nous deux était le prédateur et qui était la proie.

— Quoi que ... T'as l'air furax ... Nooonnn ... Il t'as tassé la boite à caca sans te demander ton avis ? Ouais c'est chiant quand ça arrive, surtout qu'il a du virer le balai que t'avais dans le cul, ça a pas du faire du bien ...

Le Pokemon en face de moi, allait passer en "attaque éclair" mais la voir fulminer dans cette apparence ridicule, c'était juste trop drôle !

(c) oxymort

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T.Walkins & R.Rockwell

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Elle s’apprête à tambouriner encore lorsque enfin, la porte s’ouvre. La silhouette de la voisine, à moitié nue, encore toute humide, se dessine dans l’embrasure. Théa bat des cils, un instant, enveloppant la silhouette inattendue d’un regard surpris, avant de se reprendre. Cette grognasse sort de la douche, en plus ? C’est à croire que le destin se fout de sa gueule ! La rousse semble un instant déstabilisée par son apparence, un instant à peine, avant qu’une lueur morbidement amusée ne s’allume dans son regard.

Blabla … pression … blabla … furax … blabla chiant ...

De quoi elle lui cause, cette conne ? Théa va lui en foutre, elle, des balais dans le cul, si elle continue...

Oh, elle se moque bien que sa voisine la pense coincée. La moitié de la ville pourrait le penser qu’elle en rirait encore. Au vu de son éducation, elle tenait plus de la catin en chaleur que de la femme respectable. Ses parents s’en seraient évanouis,.. Une grimace faussement amusée se peint sur ses lèvres, et elle s’impose dans l’entrée, avançant et prenant par surprise sa voisine, la bousculant un peu. Elle n’a visiblement aucun goût en décoration intérieure, la rousse, mais il y a pire crime. Comme celui de jeter ses poubelles, par la fenêtre, juuuustement au moment où elle passait. Un simple hasard ? Elle n’y croyait pas ! Cette gonzesse avait attendu son passage pour se débarrasser de ses détritus.

— AHAH ! Mais c’est que t’es drôle en plus ! AH AH AH ! T’as avalé un clown ?

Théa se moque, le menton haut, orgueilleux, pour combler le vide. Elle boitille dans la pièce nue, poings serrés. Elle avait oublié que la rousse était à la fois plus grande et plus baraquée qu’elle, en venant frapper à sa porte. Elle avait oublié qu’elle avait également plus de bagou, et l’enterrerait sous les sarcasmes. Et elle, elle était venue avec le fantasme de lui arracher les cheveux en hurlant, puis de lui griffer les yeux et la faire pleurer de remords …

— Tu sais ce qu’on dit, ce sont ceux qui en parlent le plus qui en font le moins, ma belle.

La faire regretter, supplier …
...
S’excuser, au moins ?
Des objectifs inatteignables.
Elle n’osait même pas montrer les griffes à la jeune femme…
Juste les crocs.

— Je devrais appeler la police ! T’as du bol que je doive aller bosser, j’ai pas le temps de les attendre !

Elle remarque alors un papier gras, couvert d’une sauce méconnaissable, sur son épaule, et le fait tomber au sol de l’appartement, avec une moue répugnée.

— Tu me refais ce coup-là… Non. Tu me refais un coup pareil… ou autre chose, quoi que ce soit, et j’appelle les poulets. Je me fous de perdre une journée de boulot, si tu captes pas ce que c’est, vivre en bon voisinage. J’te demande pas grand-chose, juste un minimum de savoir-vivre.

(c) oxymort

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R.Rockwell & T.Walkins

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La meuf commençait gentiment à prendre un peu trop ses aises et l'envie de lui montrer comment je me faisais respecter en taule devenait très agréable à ma pensée, pour qui elle se prenait celle-là au juste ? J'avais accepté de baisser la garde une fois et elle s'imaginait quoi ? Qu'elle avait un moyen de pression sur moi ? Pauvre tarée !

— Non, j'en ai sucé un une fois ... Oh pardon ... C'est vrai que tu ne sais pas ce que de s'éclater une fois de temps en temps ...

J'avais totalement conscience que c'était de ma faute si elle était dans cet état, mais il était hors de question de m'excuser, je n'avais pas l'intention de m'écraser deux fois, en taule, même une fois c'était trop, alors deux ...
Un petit ricanement s'échappait de ma gorge au moment ou elle me sortait sa vieille punchline de série Netflix.

— Moi, je suis moins coincée et visiblement plus épanouie ...

Véridique, fallait vraiment pas être heureuse pour venir casser les pieds des gens deux fois d'affilée, même si je l'avais un peu cherché ...

Je la laissais cracher son venin, ça je pouvais l'encaisser pas de soucis, mais les menaces, très peu pour moi, ok cette fois, ça suffit, ma main attrape le chambranle de la porte en claquant le plus fort possible et je carre les épaules, comme un hérisson qui sort ses picots pour se montrer menaçant, la différence c'est que je n'étais pas une petite chose mignonne et adorable, mais un vrai pitbull quand il le fallait.

— Tu veux appeler les flics ? Vas-y ! Tu vas leur dire quoi ? Que ce sont mes poubelles ? T'as des preuves ? Il y a mon nom dessus ? Pas le moins du monde, toi par contre, il y a tes empreintes dans mon appart alors que je t'y ai pas invité ...

Je m'approchais d'elle pour coller mon regard dans le sien, nos visages étaient si proches qu'on auraient presque pu se rouler une pelle, si l'envie de lui arracher les yeux ne me faisait pas plus fantasmer que l'autre option.

— T'as pas la moindre foutue idée de la garce qui vit en face de chez toi hein ?

J'étais entre elle et la sortie, si l'envie de la séquestrer me prenait, je pouvais le faire, mais j'avais beau être une garce, j'avais mes limites et il n'y a aucune gloire pour le tigre qui dépèce un lapin effrayé.
En vérité, j'avais de la peine pour elle, j'avais déjà pensé à m'installer dans une piaule d'étudiant, mais l'appart m'était offert par la Red Queen en échange de mon taf, donc un bon deal avec elle, même si je savais ce qu'elle attendait de moi à terme.
Mon regard était planté dans le sien, juste assez pour tenter de lui faire assez peur, avant que je ne me recule un petit sourire aux lèvres.

— Aller viens, on va soigner ça avant que tu te choppe une infection ...

Dis-je en observant sa jambe blessée.

— Je dois avoir une trousse quelque part, installe toi dans le canap' ...

Un peu de compassion mêlée à quelques remords, je savais que c'était de ma faute, mais je refusais de lui laisser l'impression qu'elle était la patronne, ce que j'avais dis était réel : il y avait ses empreintes chez moi, j'aurai pu m'en servir avec les flics, même si je ne l'aurai pas fait pour des raisons évidentes : la cavale toussa toussa ...

— T'auras qu'a expliquer à ton boss que t'as eu un accident ce matin, t'as bien cinq minutes non ?

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T.Walkins & R.Rockwell

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Elle sent le sang battre à ses tympans, la brune, mélange sourd de colère et d’une brusque inquiétude. La rousse se tient, imposante, entre elle et la sortie, et son regard brûlant la met au défi de tenter de s’en sortir. Le cœur de Théa manque un battement, mais son orgueil s’entête : elle ne baissera pas les armes, mais dans quelle situation s’est-elle fourrée ? Oh, bien entendu, sa rage est tout à fait justifiée, mais elle n’a pas réfléchi, avant d’agir, et à présent… A présent, elle ne peut qu’agiter la vaine menace d’appeler la police. Alors qu’elle s’était elle-même mis en tort en entrant dans cet appartement. La rouquine n’avait pas tout à fait tort, même si elle avait tous les torts...

Et puis… et puis, soudain, la voisine change totalement d’attitude, une transformation si subite et inattendue que Théa s’en décrocherait presque la mâchoire de surprise. Elle cligne des yeux, lève le visage vers la rousse irascible, pleine de suspicion : cela ressemble à un piège, non ? Méfiante, elle hoche vaguement le visage, comme pour acquiescer, et reste silencieuse. Depuis quand sa voisine, après l’avoir menacée, se souciait-elle, soudain, de son genou blessé, et d’une possible infection ? Pas qu’elle la connaisse depuis longtemps, mais c’était… suspect. Elle lui jouait sans doute une entourloupe ...

Ou bien … était-elle bipolaire ?
Que lui prenait-il soudain ?
La voilà qui était presque … aimable !?

S’installer sur le canapé ? Le regard de la libraire se pose sur le meuble en question, enterré sous un plaid et des vêtements jetés là, puis sur son propre état, peu glorieux. Elle allait tout salir, si elle s’asseyait là et… Mais la voisine le lui proposait, non ? Hésitante, elle boitille jusqu’au sofa, le regarde un moment, pousse sur le côté les vêtements pour se faire une petite place puis s’assied, tout au bord, prête à glisser sur le sol, pour ne pas trop le salir.

Son patron ?

— Ouais, je lui dirai ça, je suppose.

répond-elle, distraitement, sans préciser qu’elle n’est pas employée, qu’elle n’a qu’à ses clients qu’elle rend des comptes, et à sa conscience professionnelle. Elle n’ouvre jamais en retard… Jamais ! Elle regarde son genou, en grimaçant, et les deux rigoles de sang qui coulent le long de sa jambe, à présent.

— Cinq minutes, mais pas plus, ou il aura ma peau ...

ajoute-t-elle, mentant effrontément, pour presser un peu plus l’arrivée des soins.

— Et faut encore que je prenne une douche, hein… T’es sûre que t’as du désinfectant ? Je vais choper la mort, sans …

Du coin de l’œil, elle surveille la jeune femme, restant, au fond, profondément méfiante et rancunière.

(c) oxymort