Deal

Alien & Verascyel

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On va pas se mentir, c'est la première fois que je passe un vrai entretien pour du taff. Les shops de tatouage, même si c'est du vrai boulot, comme dans n'importe quelle entreprise, avec des comptes à tenir, des stocks à surveiller... Tant que le salon est assez petit pour que ce soit un artiste qui soit le boss, les relations entre les gens sont pas aussi pince-cul. Ou au moins... Pas aussi basé sur l'apparence. Je m'aime bien comme je suis. Si j'ai ce genre d'appréhension, c'est à cause des autres. Du coup, j'ai fait un petit effort : Mon tee-shirt oversize est rentré dans mon jeans. J'ai troqué mes grosses pompes de skate contre des Doc Martens. Ca fait quand même moins... Plus... Je sais pas, j'ai l'impression que c'est mieux. Mes cheveux sont lâchés, et bien lisses. Le vert est toujours visible par en dessous et aux racines, mais moins que quand je les attache.

C'est la deuxième fois que je viens ici. La première fois, c'était pour un entretien un peu explicatif, je crois. Enfin... C'est surtout moi qui ai dû me présenter. Dire ce que je savais faire, raconter mon parcours... La rousse en face de moi avait pris plein de notes. J'aurais aimé faire pareil, mais elle a pas dit grand chose à part me poser des questions... Le stress au max, pour moi qui galère tellement à exprimer ce que j'ai dans la tête, faire le tri entre ce que je dois dire ou pas...

A la fin, elle m'a dit le fameux. "On vous rappellera", qui peut aussi bien être bon signe qu'un gros mytho. Une manière de dire que je dois me casser sans avoir l'air de me jeter. Finalement, mon téléphone a sonné, et me voilà, pour la seconde fois, avec le retour de mon carnet de notes à la couverture holographique. J'ai hésité à mettre quelque chose dessus pour le rendre plus sobre... Mais c'est qu'un carnet, non? De toute façon, si elle me prend pas, ce sera forcément pas qu'à cause de la couleur un peu déconnante du truc sur lequel j'ai pris des notes. Si c'est le cas, c'est que de toute façon, j'aurais rien à faire dans cet endroit. Mais Sacha m'aurait jamais filé l'adresse s'il avait pas cru que je pourrait être prise ... Ca aurait été complètement con.
J'ai 15mn d'avance. La fille au standard savait déjà pourquoi je venais. J'ai pris ça pour un bon point. Elle m'a accompagnée jusqu'à la porte du bureau, laissant le relais à son binôme déjà au téléphone. Maintenant, j'attends. J'ai les mains moites ... Mais je me répète que si le baratin du : "On vous rappellera" est suivi des faits, ça ne peut que bien se passer ...

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Deal

Verascyel & Alien

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Gérer un endroit comme le Mystic Swan n'était pas chose aisée. Je veux dire ... Comprenez-moi bien : gérer un hôtel, c'est TOUJOURS difficile et moi j'en avais plusieurs, mais le Mystic Swan était assez particulier du fait de sa "nature illégale" la traite d'être humain, ça passait assez mal auprès de la loi et il fallait donc limité les risques d'être vendu pas une tierce personne.
C'était pour cette raison que c'était moi et personne d'autre qui gérait les entretiens d'embauche pour le moment. De par mon passé, j'avais eu l'occasion de cotoyer de vrais requin de la finance, ce qui m'avait poussée à étudier la psychologie humaine, sans aller jusqu'à parler de mentalisme, je décelais plus facilement les potentiels alliés des potentiels ennemis.

Zethar était notre comptable, un vieil ami/amant, ex-fantôme de mon passé, revenu à la vie en travaillant pour moi, mais la comptabilité de cette fichue boite était bien trop pour un seul homme, mais pour un acrobate des chiffres comme ce bon vieux Caleb, si bien qu'il m'avait fallu lui trouver une aide de camp, une assistante comptable, comptable pour les chiffres, assistante pour le plaisir des yeux.
Non, je plaisante ... Quoi que ...
Dans un premier temps, j'avais jeté mon dévolu sur Sterling, une jeune femme blonde au sourire ravageur, mais elle nous avait quitté, aucune trahison, elle avait simplement remis sa démission que j'avais accepté, du coup, il fallait trouver une nouvelle venue.

J'avais reçu un tas de personne dans ce foutu bureau, mais une en particulier avait retenu mon attention : bien loin des tailleurs près du corps et des talons aiguilles de Stirling, mais petite et mignonne, un petit machin qui semblait assez coincée, mais qui avait un potentiel.
Le genre de petite nénette complètement malléable et manipulable si besoin.
Je ne me considère pas vraiment comme quelqu'un de méchant, mais je sais ce que j'ai à faire et comment je peux l'obtenir. C'était pareil pour Amnesia : je n'avais aucun plaisir à mentir à cette fille, mais au vu de son tempérament, il valait mieu que je m'en fasse une alliée des le départ. Ce qui était drôle c'est qu'il semblerait que son amnésie l'avait plutôt bien adoucie, on dirait une toute autre personne que celle que l'on m'avait décrite.

Aujourd'hui donc j'avais à faire au deuxième rendez-vous de la nana la plus improbable qui ne se soit jamais présentée pour une place de comptable adjointe et en la recevant la maintenant, je dois dire que je n'étais, une fois de plus, pas déçue de son allure générale : Doc Martens aux pieds, cheveux verts flashy et un carnet de note avec des motif à renvoyer les japonais fan de Pokemon de le monde fabuleux de l'épilepsie.
C'était peut-être cela que j'aimais chez elle : pas envie de se travestir pour réussir un entretien d'embauche, tu prends ou tu jette et elle m'impressionnais bien plus par cette force de caractère que n'importe quel pète-sec en robe Gucciotte qui avait foulé mon tapis persan.

— Bonjour Mademoiselle Johnson, installez-vous je vous prie. Désirez-vous boire quelque chose ?

Je croisais les doigts en observant son attitude. Inutile de faire le fameux test des trois chaises, d'une part parce que c'était complètement con et d'autre part parce que moi-même j'ignorais qu'elle était la bonne chaise à prendre : il y avait une seule chaise et c'était très bien ainsi.

— Je vous ai fais venir parce que j'ai trouvé votre profil plutôt intéressant. Selon ce que je lis dans votre dossier vous semblez être plutôt douée avec les chiffres et croyez-moi, je m'y connais

Quelques années à la bourse de Wall Street à cotoyer des Leonardo DiCaprio du dimanche, rien de bien méchant.

— J'aimerai d'abord vous demandez ... Pourquoi vouloir travailler chez nous plutôt qu'ailleurs ? Et ne me citez pas un barratin comme quoi vous avez toujours rêver de travailler dans cet hôtel, il est fort probable que vous n'ayez jamais entendu parler de nous avant de tomber sur notre offre d'emploi ... Nous sommes plutôt ... "Discret" ici ...

Premier indice pour faire passer la pilule et voir comment elle réagissait. C'était ça le plus dur : avouer à quelqu'un que l'on allait peut-être engager que nous faisions dans la traite d'être humain et la prostitution. Cela dit, il existait des moyens détourner d'en parler, mais le pire eut été de voir débarquer des flics ici, fort heureusement "j'ai entendu la directrice évoquer le sujet" ne constitue pas une preuve assez balaise pour que les juges signent un mandat.

Et certains juges ne le signeraient jamais, ils auraient bien trop à perdre si l'on découvrait leurs petite habitudes entre nos murs ...

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Deal

Alien & Verascyel

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Finalement, la porte s'ouvre. Je sais pas si mon coeur s'arrête ou s'il tape un sprint, mais il s'passe un truc. Je passe la porte, comme éblouie par la femme qui se tient derrière. Grande, élancée mais pas maigre, sa crinière de feu donne un chaud-froid incroyable avec les deux cristaux bleus qui ornent son visage... En fait, je sais pas si c'est elle qui est grande, ou si c'est juste moi qui me sens petite. C'est qu'elle en impose la dame... Je guette dans son regard, le moment où son expression va me dire qu'elle a, soit envie de rire, soit le dédain dans la peau en voyant ma dégaine... Ou un autre truc aussi cool... Mais rien. Elle garde son sérieux plein de prestance... Sans donner l'impression de se la péter à outrance. C'est fort. Après tout la thurne toute entière repose sur les décisions qu'elle prend. C'est une pression pour n'importe quel boss... Mais... Malgré le fait que son regard passe sur moi, j'ai pas l'impression d'être un insecte sous son escarpi, hors de prix... Bien... Quand elle m'y invite, je passe le seuil.

— Bonjour madame Verascyel ...

C'est bizarre de l'appeler par un pseudo qui ressemble à un prénom, vu son rang... Surtout qu'elle, m'appelle par le mien... Mais j'ai pas d'autre option. A nouveau sur son invitation, je me pose sur la chaise face à son bureau, et ouvre mon carnet, prête à retenir les points essentiels (J'ai déjà glissé un stylo entre les pages. En m'asseyant, je tente un petit sourire... Mais c'est sûr qu'elle verra mon stress. Les cérémonies du genre, c'est vraiment pas ma came... M'enfin, je me vois pas lui faire la gueule. En grande pro, elle me vouvoie. Au moins... Ca doit vouloir dire qu'elle me prend pas pour une gamine, même si c'est moins tendu pour moi qu'on me tutoie... Bref. Restons sur le bon coté de la chose. Je suis une adulte, prise au sérieux, qu'elle n'a pas l'air de vouloir prendre pour un animal de foire. Bien. Quand elle me demande si je veux boire, j'hésite. C'est tentant, même si j'ai aucune idée de ce qui est possible... De l'eau? Du café peut-être? J'aime pas le café noir. Je sais que ça fait très affirmé socialement d'ingurgiter ce truc amer, mais... Moi j'y arrive pas. Quand j'en bois, je mets toujours un litre de lait et 10 morceaux de sucre... Pis de toute façon, c'est une idée à la con. Maladroite comme je suis, je serais foutue de renverser ça sur le bureau... Plutôt avoir la gorge sèche. D'ailleurs, je la racle un peu sans trop savoir pourquoi, et tente de sourire un peu mieux. Manquerait plus que j'ai la tronche d'une meuf qui se retient de péter... La honte... Mais qu'est-ce qui me prend de penser à ça? Concentration.

— Non merci, madame ... C'est ... Vraiment gentil à vous.

Bon... Les mots sont sortis dans l'ordre... Par contre pour l'assurance du débit, on repassera. Fait chier. Je vais pas non plus pouvoir faire des phrases de deux mots... L'angoisse robotique le bordel. Heureusement, elle enchaine assez rapidement pour que ma gêne n'ait pas le temps de s'installer.... Et en plus, elle me valorise... Je dois faire attention à ma respiration pour ne pas rougir comme une idiote... Mais c'est pas tout les jour qu'on valorise mon travail, ni qu'on me valorise tout-court, en fait. Bien-sûr, je suis pas en train de me faire un film, genre la meuf me trouve géniale, la plus incroyable qu'elle a jamais vue. C'est une formule pour dire qu'elle a pas jeté mon CV... Mais ça fait du bien à entendre... Et maintenant c'est à moi de parler....

Respire Dinah...

Mes sourcils se froncent légèrement alors que je réfléchis à la manière dont tourner les choses... Et.. En fait, c'était même pas nécessaire que la dirlo me dise de ne pas lui sortir les phrase toutes faites. Déjà je les connais pas, et en plus, je sais pas mentir. Donc la vérité fera le taff. En plus, elle a rien de honteux... J'ai juste pas envie d'évoquer un canard boiteux en essayant de m'exprimer, à la femme pleine d'assurance assise sur son fauteuil digne du comte Dracula.

— Alors ... En fait, c'est un ami qui ... Il est client ici ... Et quand j'ai eu mon diplôme, je bossais déjà... Une de mes potes à un shop de tattoo ... Bref. Du coup, le connaissant, quand il m'a dit qu'il se sentait bien ici... J'ai pensé que dans un endroit où accepte les gens comme ils sont, ce serait intéressant de ... De voir plus grand.

Mon cœur bat à tout rompre. J'ai l'impression d'avoir couru cent mètres... D'avoir trébuché. J'espère juste que les infos sont passées, sinon, ça équivaudrait à me rétamer la tête la première dans une flaque de boue.

(c) oxymort

Deal

Verascyel & Alien

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"Madame Verascyel" au départ ce pseudonyme était un peu confusant, mais par la suite, je m'y étais habitué, à tel point que lorsque l'on me sert du "Madame Langford" je tique comme si ce n'était plus mon nom.
La petite chose adorable, visiblement ignorante des us et coutumes d'un entretien d'embauche (et c'est tant mieux, cela m'amusait beaucoup) semblait quelque peu intimidée, mais cela ne me flattait pas outre mesure : j'avais évolué à Wall Street, j'avais croisé des requins toute la sainte journée pendant plusieurs années, tomber sur quelqu'un d'impressionné par ma prestance n'était pas rare.
Cette jeune fille était différente, comme une extra terrestre tombée sur notre planète par inadvertance en train de se demander si ce sont les humains qui sont fous ou juste elle.

— C'est perturbant, je sais, mais ici nous travaillons sous des pseudonymes.

Pas d'explications, même fausses, cela permets d'instiguer le doute et de pousser la personne à se poser des questions et surtout ne pas se trahir. Si je parlais d'anonymat, elle aurait vite fait le rapport avec le côté très peu légal de nos activités.
Elle semblait vraiment très nerveuse, ne bafouillant pas, mais s'exprimant lentement, une syllabe après l'autre comme ne pas sombrer. Les bègues faisaient cela également : chaque mot à son temps, afin de ne pas buter et de partir dans un d - d - d  -dialogue in - in - in - interminable.
Elle était nerveuse et si jusqu'ici je la voyais juste comme une postulante nerveuse à l'idée de se foirer, je commençais à voir quelque chose à côté duquel beaucoup de gens devaient passer : un charme particulier, comme un oiseau blessé qui a besoin d'aide, mais pas que. Je ne suis pas dotée d'une si énorme grandeur d'âme, ni même ne suis si coincée que j'en ai l'air. De temps à autre, j'aimais "taquiner".  
La demoiselle allait surement se faire manger toute crue par des gens plus open d'esprit comme Dara par exemple, nul doute que la coordinatrice des Jewels ne se priverait pas pour en faire son quatre heure d'un point de vue moquerie j'entend, bien qu'a l'heure actuelle, Dara aie plus de la chatte en chaleur non castrée, depuis sa rupture avec le toubib.

Le plus drôle c'est que miss Johnson était probablement nerveuse pour cet entretien en espérant ne pas se foirer, mais ne réalisait pas encore qu'elle avait déjà le job : ses références étaient incroyables, mais plus que tout : elle me plaisait en temps que personne et ça ce n'était pas donné à tout le monde. Je ne parlais pas d'attirance sexuelle, bien que j'aurai adoré voir ce qui se cache sous ses vêtements flashy, mais bien d'une personnalité intérieur : quelqu'un d'incroyable qui ne demandait qu'a se révéler, après tout, la jeune fille était venue avec des cheveux fluo à un entretien d'embauche, nerveuse de se foirer, mais pas au point de trahir sa personnalité.
J'adore ...

Elle évoquait ses amis, l'un client ici, tiens donc, il faudra que je me renseigne, c'était rare que j'ignore une information aussi capitale. Un shop de tatoo, mon esprit divaguait jusqu'à Sylvana, les deux avaient un style très alternatifs, mais deux personnalités tellement éloignées, ce serait drôle de les réunir un jour, juste pour voir comment ça se passe.

— "Voir plus grand" c'est à dire ? Vous trouvez que ce que nous faisons ici n'est pas à la hauteur ?

J'avais parlé d'un ton neutre, mais emprunt d'une certaine menace. Mon regard d'acier se plantant dans celui du petit oisillon tombé du nid et comme je le pensais, son regard devint fuyant, elle était nerveuse et une part de moi adorait ça, surement mon côté dominatrice.

— Rassurez-vous, je plaisante. J'adorerai savoir ce que vous entendez par la. Nous encourageons la discussion et le franc parler, dans le respect de chacun évidemment ...

La "discussion" et le "franc-parler" tu parle ! si tu fais partie des Guardians ou des Guests oui, mais ceux qui sont en dessous verrons leurs voix "entendues" mais pas "écoutée" pour autant.

— Vous avez un ami client des lieux c'est juste ? Vous a-t-il expliqué un peu les "activités" de cet hôtel ?

Nous y voila, nous allions effleurer doucement la partie "gênante" de cet entretien, plus gênant serait de lui proposer une promotion canapé, mais ce n'était pas mon style.
Dommage d'ailleurs ...

(c) oxymort

Deal

Alien & Verascyel

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Quand la directrice rebondit sur ma manière de l'appeler, je comprends que la phrase a été aussi chelou à son oreille qu'à la mienne. D'un coté, ça me rassure. Un peu. Mais ça n'empêche qu'elle me dit pas de zapper le "madame, alors ... J'imagine que c'est bien comme ça qu'il faut que je l'appelle. Ca finira bien par devenir naturel au bout d'un moment ...

— Oh! C'est pas grave ça ... Presque personne m'appelle par mon prénom, sauf quand j'ai fait une connerie, alors ... Vous imaginez mon nom de famille ...

Je me suis permise un ton un peu moins crispé, et la phrase sort avec un débit un peu fluide... Par contre... J'ai vraiment dit "connerie?" Bravo Dinah ... T'es sérieuse de lâcher ce genre de mot en entretien avec ta boss ultime?
Ma conscience m'engueule, je baisse les yeux.

— Pardon... Je... Les surnoms, ça me dérange pas.

En espérant que ça passe. Ce serait trop con que j'aie foutu mes chances en l'air pour un mot. Mais cette femme est classe, et le poste plutôt haut placé, alors... Va vraiment falloir que je fasse un effort si elle me laisse quand même ma chance... Enfin... Mes espoirs s'amenuisent quand elle rebondit sur la suite de mon discours... Enfin... Si on peut appeler ça comme ça. Même moi, j'ai conscience que c'est un pêle-mêle mon charabia. Si elle arrive pas à capter ce que je dis, j'peux m'en prendre qu'à moi. Mais là, c'est pas seulement qu'elle comprend pas. Le contresens est carrément dangereux. La panique me serre instantanément la gorge, et je sens mes yeux s'écarquiller. Je lève les mains devant moi en signe de paix.

— Non ... Vraiment pas ... C'est pas ... Je voulais pas dire ...

Et quand la grande rousse m'assure qu'elle plaisante, l'étau qui serrait ma poitrine se relâche d'un coup, laissant s'échapper un petit rire gêné. J'ai envie de lui dire que c'est dangereux pour mon coeur de me mettre des coups de sang pareils, mais j'ai trop peur de dire un truc con qui m'enfoncerait encore plus, alors je laisse pisser, en espérant que mon soulagement se voit assez clairement pour qu'elle comprenne que j'ai vraiment pas voulu l'offenser.

— Au contraire, c'est grand ... C'était tout p'tit avant. On était cinq

J'aime bien l'idée du franc parler, et du respect. C'est bien ce qui a dû plaire à Sacha. D'ailleurs, quand Verascyel parle de lui, un sourire franc se dessine sur mon visage.

— Il m'a dit qu'on juge pas les gens ici... Apparemment ca fait un moment qu'il vient ...

Mon front se plisse. "un moment", ca veut pas dire grand chose... Mais faut dire qu'il est resté vague. En fait je me rend compte que les infos qu'il m'a données sont super floues. Mais il avait l'air tellement convaincu que c'était un endroit génial, qu'il en a été convainquant.

— Je sais pas comment il se fait appeler ici... En fait...Il m'a surtout parlé des artistes, et de tolérence ...

Enfin ... C'est comme ça que j'ai reçu son message, mais peut-être que c'est juste mon interprétation.

— Je sais aussi que c'est très privé, ici.

Pour moi c'était évident que c'était parce que des gens connus font partie de la clientèle. Après tout, il fait partie du milieu du showbiz, lui, en tant que régisseur. Il a vaguement fait allusion à des escorts, mais en vrai, même si beaucoup veulent rendre ça honteux, on sait que ça se fait... Alors autant que ça soit un peu encadré, autant pour les clients que pour le personnel...  Pis c'est sûrement cool pour des gens connus d'avoir un endroit où les médias sont tenus à distance, où ils peuvent avoir une vie vraiment privée sans que ça débouche sur des ragots. Enfin... C'est mon avis.

(c) oxymort

Deal

Verascyel & Alien

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Trop mignonne ...

Je la voyais se dépatouiller de ma petite boutade et j'en retirais une immense satisfaction. Elle n'était pas banale la gamine. La pauvre ne savait plus ou se mettre et moi je la trouvais terriblement adorable, voir même un peu excitante. Le genre d'éternelle adolescente un peu gourd qui passe son temps à s'excuser et la dominatrice en moi adore que l'on s'excuse.
Je ne pensais pas au sexe en toute circonstance, mais il était plaisir d'imaginer ce que cela donnerait si elle portait moins de vêtements et plus de ... Menottes, pinces à tetons et autres joyeusetés, mais quelque chose me disait que ce ne serait pas pour demain. Paradoxalement ce qui m'attire chez ce genre de personne est aussi ce qui me rebute : le manque d'expérience, cela permet de plier le soumis ou la soumise dans tous les sens comme un trombone, mais avant d'arriver à les mettre dans mes bras il fallait énormément ramer ...
Et je n'étais pas du genre patiente ...

Peu importe, de toute manière, puis qu'elle n'était pas la pour ça, mon but premier était de la juger en tant que comptable adjointe et non à sa capacité à m'appeler Maîtresse, aussi plaisant cela puisse paraître dans mon esprit.
Alors qu'elle réalisais qu'elle s'était époumonée pour rien je souriais. Son soulagement transparaissait sur son adorable visage.
Ma pauvre petite, tu n'es pas au bout de tes surprises ...

Un inconnu donc, dont elle ne connaissait pas le pseudonyme, peu importait, elle le verrait bien tôt ou tard dans les couloirs et cela me permettrait de mettre un nom sur un visage.
Néanmoins, je n'étais pas forcément rassurée de ne pas avoir ce genre d'informations, pas qu'il faille que je le sache dans l'instant, mais c'était embêtant, un peu comme une écorchure sur la langue qui refuse de cicatriser.

— Vous aurez bien l'occasion de me le présenter tôt ou tard ...

Beaucoup de Guest avaient fini par disparaître, Cassiopeia, Corvus et bien d'autres, même la petite Skylar qui avait pourtant beaucoup de potentiel ne donnait plus signe de vie. Il fallait croire que la crise sanitaire n'avait pas aidé des masses et que, ces derniers temps, beaucoup de choses avaient changées. Peu importe, les Guests qui arrêtaient de venir ne nous trahissaient jamais et il en restait bien assez.

— "Très privé" est un euphémisme ...

Je croisais les doigts et me penchais sur mon bureau plantant mon regard dans celui de la petite chose mignonne aux cheveux fluos qui me faisait face.

— Ma petite, ici nous prostituons des gens contre leur gré. Ils sont forcés de donner leurs fesses, leurs bouches et leur intimité pour que nous, les Guardians aux bracelets verts puissions nous enrichir ...

Un petit sourire se dessinait sur mon visage. J'avais tout balancé, parce que je sentais que même si elle ne pouvait se résoudre à travailler pour moi, elle n'irait pas filer dare-dare dans le premier commissariat venu pour balancer tout ce qu'elle savait et quand bien même, avec un accoutrement comme le sien tout le monde la prendrait pour une cinglée, personne ne viendrait vérifier de telles infos.

— Vous trouvez peut-être cela immoral, mais sachez que sous l'ancienne direction c'était bien pire : la plupart était traité moins bien que des bêtes. J'ai adoucis ce système en prenant les commandes et j'aimerais être entourée d'un maximum de gens respectables ... Cela me fait penser ...

Je souriais et sortais doucement mon stylo "Mont blanc" et une feuille de contrat que je déposais devant moi.

— ... Que j'aimerais beaucoup vous engagez ... Souhaitez-vous travailler parmi nous ?

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